Forces, failles et opportunités de la recherche française en écologie trophique


18 juin 2018
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Résumé

Comptes Rendus Biologies

La recherche française en écologie trophique montre des clivages thématiques et géographiques qui ont motivé la création d’un groupement de recherche dédié (GDR GRET), financé par l’Institut national d’écologie et d’environnement du CNRS et l’Inra. Les GDR sont des outils incitatifs visant justement à favoriser la pluridisciplinarité en écologie pour lisser ces hétérogénéités. Néanmoins, la capacité de telles initiatives à atteindre cet objectif dépend nécessairement des causes initiales de clivage. Nous présentons ici les résultats d’un sondage réalisé en 2016 à l’initiative du GRET afin de décrire la communauté française des chercheurs en écologie trophique, de quantifier et caractériser ces clivages et d’identifier leurs causes. Trois césures principales ont été détectées. La première porte sur le manque d’intégration des microbiologistes dans les concepts de l’écologie trophique : les microbes ont virtuellement disparu des concepts trophiques. Le second clivage découle du fait que l’écologie trophique reste une recherche de terrain, un domaine territorial dans lequel les questions de recherche sont intimement dépendantes de l’écosystème d’étude. Enfin, la recherche en écologie trophique est limitée par les frontières de l’écosystème même, avec peu de recherches aux interfaces ou connectant différents types d’écosystèmes. Ces clivages, s’ils limitent l’avancement de la recherche, sont davantage le fait d’héritages culturels que réellement d’enjeux socio-économiques ou de motivations scientifiques. Une comparaison avec la littérature confirme que ces clivages ne sont pas uniquement des particularités de la recherche française, mais font écho aux faiblesses à l’échelle internationale. En ce sens, des initiatives de communication et de mise en place de réseaux tel que le GRET peuvent efficacement contribuer à lisser ces hétérogénéités à l’échelle nationale, en mettant notamment en lumière le bénéfice scientifique à réintégrer les microbes dans les réseaux trophiques, mais également les outils, opportunités et enjeux à conduire des programmes trans- et méta-écosystémiques en écologie trophique. Transformer l’essai demandera néanmoins, à terme, que des programmes de recherches émergent de ce réseau, en dépit du goulet d’étranglement que constitue le financement de la recherche aujourd’hui en France.